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Entrepreneuriat tech & IT : Statistiques sur les startups

Dans le cadre de mes travaux en tant que consultant pour le projet T.I.E., financé par l’Union Européenne, j’ai mené en 2022, une étude approfondie sur l’efficacité de l’écosystème de l’entrepreneuriat technologique et numérique (ECOTECH) au Cameroun. Cette étude avait pour objectif de cerner les facteurs déterminants pour la réussite des startups dans ce secteur, d’évaluer les obstacles et de proposer des recommandations concrètes pour améliorer la performance de cet écosystème.


Un Écosystème Jeune, mais Fragile

Les résultats révèlent un écosystème en phase de démarrage, marqué par un fort potentiel mais de nombreuses insuffisances structurelles. Voici quelques chiffres clés issus de l’étude :

  • 69,74% des startups interrogées se considèrent inefficaces, souvent freinées par des difficultés administratives, un manque de professionnalisme et des activités annexes non productives.
  • 51,3% des startups évoluent dans l’informel, ce qui complique leur accès à des opportunités comme les exonérations fiscales ou les financements structurés.
  • Malgré des efforts de l’État (comme la loi de finances 2021, qui exonère certaines startups de taxes pendant 5 ans), 87,2% des startups déclarent ne pas bénéficier directement des mesures gouvernementales.

L’étude met également en avant un écosystème très concentré dans le secteur tertiaire, où 80,3% des startups se consacrent à la conception de logiciels et au développement d’applications. Ces entreprises emploient en moyenne 3 personnes à temps plein et 4 à temps partiel, mais peinent à atteindre la rentabilité : 65,81% d’entre elles ne couvrent pas leurs charges grâce à leurs revenus.


L’Importance des Structures d’Accompagnement

Les incubateurs jouent un rôle central dans l’ECOTECH, mais leur impact est limité par des ressources financières restreintes et un accès réduit aux startups. Parmi les résultats :

  • 33,33% des startups ont bénéficié des services d’un incubateur, avec une durée moyenne d’incubation de 6,5 mois.
  • Ces services sont jugés efficaces à 63,5%, notamment pour le lobbying (32,4%) et l’accès à des espaces de travail (25,7%).
  • Toutefois, 70,7% des services offerts par les incubateurs ne sont pas rémunérés, ce qui fragilise leur modèle économique.

Les startups affiliées à un incubateur présentent des caractéristiques spécifiques : elles sont généralement formelles, dirigées par un entrepreneur diplômé et bénéficient davantage des exonérations fiscales. Cela souligne l’importance de renforcer le soutien aux structures d’accompagnement pour améliorer la durabilité des startups.


Des Recommandations Structurées pour un Impact Durable

Pour remédier aux défis identifiés, l’étude propose 6 axes stratégiques :

  1. Renforcer les infrastructures
    • Augmenter le taux de couverture en 3G et 4G (actuellement de 2,7 kbit/s par utilisateur, contre 11,2 kbit/s en moyenne en Afrique subsaharienne).
    • Développer des espaces de travail partagés pour réduire les coûts élevés liés à la location, signalés par 43,6% des startups comme un frein majeur.
  2. Améliorer le cadre réglementaire
    • Créer un statut semi-formel pour les startups (conditionné par l’inscription dans un incubateur), leur offrant un accompagnement personnalisé vers la formalisation. Cela répondrait aux attentes de 51,3% des startups encore informelles.
  3. Adapter les financements
    • Développer des fonds d’amorçage via des plateformes de financement participatif et des institutions comme la BCPME, car 99% des startups n’ont pas accès au crédit bancaire.
  4. Renforcer les compétences technologiques
    • Intégrer des formations sur les technologies de pointe (intelligence artificielle, cloud computing, etc.), des domaines encore peu exploités par les startups camerounaises.
  5. Soutenir les incubateurs
    • Subventionner ces structures pour pérenniser leurs services, tout en mettant en place des micromarchés de digitalisation financés par l’État ou des ONG, où les startups et incubateurs collaboreraient sur des projets concrets.
  6. Améliorer la communication
    • Mieux informer les startups sur les mesures existantes, car 46,2% d’entre elles ne connaissent pas les exonérations fiscales mises en place.

Cette étude met en lumière le potentiel énorme de l’ECOTECH au Cameroun, tout en soulignant les ajustements nécessaires pour qu’il devienne un véritable levier de développement économique. Avec des infrastructures adaptées, un cadre réglementaire souple et des financements accessibles, les startups camerounaises peuvent jouer un rôle clé dans l’innovation et la croissance.


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