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Des DVD aux plateformes digitales : Comment l’économie créative façonne notre monde

Je me souviens encore des années 2000, lorsque les films de kung-fu avec Jet Li étaient incontournables lors des soirées en famille. Réunis autour d’un lecteur DVD, nous étions connectés, non seulement par les histoires, mais aussi par ces exportations culturelles qui faisaient entrer le monde dans nos foyers.

Avance rapide jusqu’à aujourd’hui : l’économie créative est devenue une force transformatrice, stimulant l’innovation, donnant du pouvoir aux individus et redessinant les économies mondiales.

Plongeons dans ce que signifie l’économie créative aujourd’hui et son impact sur le monde.


🎥 Quelques moments clés dans l’histoire récente de l’économie créative

  • L’émergence de Nollywood (1990s–2000s)
    L’industrie cinématographique nigériane s’est imposée comme une sensation mondiale, offrant des récits abordables et accessibles aux nations en développement. Nollywood est aujourd’hui un véritable vecteur culturel, influençant des millions de personnes à travers le globe.

  • Le boom numérique lié à la COVID-19 (2020–2021)
    Lorsque les cinémas et les événements en direct ont fermé leurs portes, les services créatifs se sont déplacés en ligne. Du streaming aux e-sports, la créativité numérique a explosé, augmentant les exportations de services créatifs de 14,2 % en 2020.

  • La guerre en Ukraine et la géopolitique mondiale (2022)
    Malgré les perturbations des échanges culturels, la créativité a trouvé son chemin. Des artistes ont utilisé leurs plateformes pour mettre en lumière des enjeux sociaux, illustrant ainsi la résilience des industries créatives.


📊 Que disent les chiffres ?

En 2022, l’industrie des services créatifs a atteint des sommets historiques :

  • Exportations mondiales de services créatifs : 1,4 trillion de dollars.

L’Afrique, leader mondial en croissance :
Avec le plus fort taux de croissance des exportations de services créatifs parmi toutes les régions, l’Afrique s’affirme comme une étoile montante. Bien que sa part globale reste modeste, sa trajectoire ascendante révèle un potentiel immense.

Pendant ce temps, l’Europe et l’Asie continuent de dominer en valeur absolue. Mais les projecteurs se déplacent, et l’Afrique, portée par ses industries de la musique, du cinéma et de la mode, attire de plus en plus l’attention.


🎶 Pourquoi cela compte pour l’Afrique et le monde ? 🎶

La jeunesse dynamique et la richesse culturelle de l’Afrique alimentent une nouvelle vague de créativité.

En 2022, l’Afrique a enregistré une croissance de 11,7 % des exportations de services créatifs, devenant ainsi leader mondial en matière d’innovation et de résilience.

L’économie créative, ce n’est pas seulement de l’art. C’est du storytelling, de l’autonomisation, et la construction d’un avenir durable. Investir dans ce secteur, c’est embrasser notre humanité commune tout en débloquant un potentiel économique incroyable.


💬 Et maintenant ?

J’ai créé cette visualisation dynamique (vidéo 🎥) pour illustrer l’évolution des exportations de services créatifs dans le monde.

Qu’en pensez-vous ? Appréciez-vous ce format d’analyse ?

Dites-moi dans les commentaires si vous souhaitez que je continue à partager ce type d’insights et de visualisations.

Célébrons ensemble le pouvoir de la créativité ! 🌍

Faut-il se préparer à une dévaluation du FCFA ?

Tribune rédigée en 2022, alors que circulaient des rumeurs de dévaluation du FCFA

Depuis quelques semaines, une rumeur de « dévaluation subtile » du FCFA s’est propagée, suscitant curiosité et inquiétude sur les réseaux sociaux. L’argument principal avancé par les tenants de cette thèse est le suivant : la hausse continue et généralisée des prix sur les marchés, ainsi que la perte du pouvoir d’achat au Cameroun (et dans les autres pays utilisant le FCFA), seraient les conséquences d’un mécanisme visant à dévaluer insidieusement le FCFA.

À première vue, ce raisonnement paraît cohérent : en quelques mois, le prix de nombreux produits de première nécessité a considérablement augmenté. L’exemple le plus parlant est celui de l’huile raffinée, dont le litre, selon les rumeurs, est passé d’environ 1000 FCFA à 1800 FCFA. Par conséquent, avec le même budget de 10 000 FCFA, un ménage ne peut plus acheter que 5 bouteilles d’huile aujourd’hui contre 10 auparavant. Les Camerounais travaillent toujours autant – voire davantage – mais leur pouvoir d’achat diminue, ce qui s’apparente à une dévaluation de facto de la monnaie.

Pourtant, il est important de rappeler que, techniquement, la dévaluation consiste en une baisse officielle de la valeur d’une monnaie par rapport aux autres devises, décidée par l’institution en charge de sa gestion. Dans le cas du FCFA, aucune décision officielle n’a été prise par les États membres de la BEAC. On ne peut donc pas parler de dévaluation à proprement parler. On pourrait éventuellement évoquer une dépréciation, mais celle-ci concerne habituellement les monnaies en régime de change flottant, ce qui n’est pas le cas du FCFA.

La hausse généralisée des prix et la perte de pouvoir d’achat s’expliquent davantage par l’inflation galopante, qui touche également l’euro, et ce depuis la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine.

Un bref rappel historique sur la dévaluation du FCFA

Le FCFA a été créé en 1948 pour les colonies françaises d’Afrique et était arrimé à l’ancien franc français (FF) avec une parité fixe. Jusqu’en janvier 1994, le taux de change s’établissait à 50 FCFA pour 1 FF (environ 280 FCFA pour 1 dollar US). Après la dévaluation de 1994 et le passage de la France à l’euro, cette parité est désormais de 655,957 FCFA pour 1 EUR. Cette première dévaluation officielle était une réponse à la crise économique et financière des pays membres, dont le Cameroun, frappé de plein fouet par la chute de ses exportations agricoles et pétrolières.

Aujourd’hui, l’économie camerounaise n’est pas au meilleur de sa forme, mais elle n’est pas en situation catastrophique justifiant une dévaluation. Malgré les baisses du cours du pétrole en 2015, les crises sécuritaires, sociales et politiques de 2016 et 2018, ainsi que le Covid-19 et la guerre en Ukraine, le Cameroun a maintenu un taux de croissance positif (0,7%). Le pays est parvenu à diversifier davantage son économie, et l’inflation reste, pour l’instant, sous le seuil communautaire imposé par la BEAC (c’est également le cas pour la majorité des autres pays de la zone). D’un strict point de vue économique, il est donc difficile de parler d’une dévaluation, même « subtile ».

Les arguments géopolitiques

D’autres évoquent un argument « géopolitique » : les pays utilisant le FCFA subiraient des pressions pour rembourser leur dette extérieure en devises à ceux qui orchestreraient cette dévaluation. Or, le FCFA étant arrimé à l’euro, rembourser une dette en euros revient à rembourser la dette en FCFA en valeur relative. Une dévaluation « subtile » n’aurait donc pas d’impact spécifique sur le service de la dette libellée en euros.

En revanche, la dépréciation de l’euro (et donc du FCFA) face au dollar alourdit le coût des dettes libellées en dollar. En 2022, le dollar a atteint un niveau historiquement élevé face au FCFA, rendant plus onéreux le remboursement des dettes contractées dans cette monnaie. L’euro subit lui aussi cette dépréciation, ce qui affecte la capacité des Européens à honorer certains de leurs engagements financiers. Des monnaies comme le yuan chinois ou le rouble russe se sont, quant à elles, appréciées face à l’euro, ce qui rend les échanges (et le remboursement des dettes) plus coûteux pour les pays africains.

Selon un rapport du ministère des Finances camerounais, en 2019, 76,3% de la dette publique du pays était libellée en devises, dont 29,4% en euros. À l’intérieur de ce portefeuille se trouvent également des dettes en dollars américains et en yuan chinois, certaines estimations accordant à la Chine plus de 50% de la dette bilatérale du Cameroun.

Qu’en est-il de la parité fixe ?

La véritable question soulevée par ces rumeurs pourrait donc être la suivante : la parité fixe du FCFA par rapport à l’euro reflète-t-elle toujours la réalité et le potentiel économique des pays de la zone franc ? Face à la résilience dont ces pays ont fait preuve lors des récentes crises, il est légitime de s’interroger sur l’opportunité de conserver cette arrimée ou d’envisager d’autres modalités de gestion de la monnaie.


Version originale de l’article disponible ici : https://ecomatin.net/faut-il-se-preparer-a-une-devaluation-du-fcfa2

CFA franc: Rumors of a ‘Subtle’ Devaluation—Myth or Reality?

Tribune written in 2022, at the time rumors were circulating about an FCFA devaluation

For the past few weeks, rumors of a “subtle” devaluation of the FCFA have been spreading, generating both curiosity and fear on social media. According to those who support this thesis, the continued rise in market prices and the loss of purchasing power in Cameroon (and in other FCFA-using countries) would be the result of a strategy aimed at insidiously devaluing the FCFA.

At first glance, this reasoning appears plausible: in just a few months, the price of many staple goods has risen significantly. The most frequently cited example is refined cooking oil, with the liter allegedly going from around 1000 FCFA to 1800 FCFA. Consequently, with a budget of 10,000 FCFA, a household can now only afford 5 bottles of oil instead of 10. Cameroonians continue to work just as much — if not more — yet their purchasing power is declining, which seems to suggest a de facto devaluation of the currency.

However, it is crucial to recall that, from a technical standpoint, devaluation is defined as a decision by the institution responsible for managing a currency to reduce its official exchange rate relative to other currencies. In the case of the FCFA, no such official decision has been made by the member states of the BEAC. We therefore cannot speak of a “devaluation” in the strict sense. It might be more appropriate to refer to a “depreciation,” but this typically applies to currencies under a floating exchange regime, which is not the case with the FCFA.

The generalized price increase and the loss of purchasing power can instead be attributed to rampant inflation, which has also affected the euro since the onset of the Covid-19 crisis and the war in Ukraine.

A brief historical overview of FCFA devaluation

The FCFA was created in 1948 as a common currency for French African colonies, with a fixed parity to the former French franc (FF). Until January 1994, the official rate stood at 50 FCFA to 1 FF (approximately 280 FCFA to 1 US dollar). Following the 1994 devaluation and France’s adoption of the euro, the parity was set at 655.957 FCFA to 1 EUR. This first official devaluation was implemented as a response to the economic and financial crisis affecting member countries, including Cameroon, which had been hit hard by the downturn in its agricultural and oil exports.

Today, the Cameroonian economy is not at its peak, but it is not in a crisis severe enough to justify a devaluation. Despite declining oil prices in 2015, security, social, and political crises in 2016 and 2018, as well as the Covid-19 pandemic and the effects of the war in Ukraine, Cameroon still maintained a positive growth rate of 0.7%. The country has successfully diversified its economy, and inflation remains below the community threshold set by the BEAC (the same holds true for most other countries in the zone). From a strictly economic viewpoint, it is therefore difficult to speak of a “subtle” devaluation.

The geopolitical argument

Others put forward a “geopolitical” argument: that there are hidden interests prompting FCFA-using states to pay off their external debts to those supposedly orchestrating the devaluation. However, as the FCFA is pegged to the euro, repaying debt in euros is, in relative terms, equivalent to repaying it in FCFA. A so-called “subtle” devaluation would have no specific effect on servicing euro-denominated debt.

On the other hand, the depreciation of the euro (and thus the FCFA) against the dollar makes dollar-denominated debts more expensive to repay. In 2022, the dollar reached a historically high level against the FCFA, making it costlier for Cameroonians to settle debts in USD. The euro has also experienced depreciation, reducing the ability of Europeans to meet some of their financial obligations. Meanwhile, currencies such as the Chinese yuan or the Russian ruble have gained value against the euro, thus raising the cost of transactions (and debt repayment) for many African countries.

According to a report from Cameroon’s Ministry of Finance, in 2019, 76.3% of the country’s public debt was denominated in foreign currencies, including 29.4% in euros. This portfolio includes debt in US dollars and Chinese yuan, and some estimates suggest that China holds more than 50% of Cameroon’s bilateral debt.

What about the fixed parity?

Thus, the real question behind these rumors might be: does the FCFA’s fixed parity with the euro still reflect the actual situation and economic potential of the franc zone countries? Given the resilience shown by these countries during recent crises, it may be worth re-examining the usefulness of maintaining this peg or considering alternative currency management arrangements.


Dany R. Dombou, Cameroonian economist

Original version of the article available here: https://ecomatin.net/faut-il-se-preparer-a-une-devaluation-du-fcfa2

African Creative Industries: The Untapped Goldmine

There’s something ironic about the state of Africa’s cultural and creative industries (CCIs). While African artists dominate global stages—Burna Boy headlining festivals, Nollywood captivating millions of viewers, and fashion designers lighting up runways from Paris to New York—the continent accounts for just 1% of the global CCI economy. Yes, 1%, in a market worth $2.3 trillion. Let that sink in for a moment.

Yet, a glimmer of hope emerges. The African Export-Import Bank (Afreximbank) recently announced a $2 billion annual fund to boost African CCIs over the next three years. It’s a bold move, but will it be enough to unlock the sector’s full potential?

In this article, we’ll dive into the promises and challenges of this burgeoning industry, blending current events, theory, and real-world cases.


A Promising Yet Underperforming Sector

When we talk about African CCIs, the usual suspects come to mind: music, film, fashion, and gaming. These sectors are brimming with potential, driven by a young, dynamic, and hyper-creative population. Yet, the reality is often far less glamorous. Despite their talent, many African creatives struggle to make a sustainable living.

Take Nollywood, for example, the world’s second-largest film industry by volume. It produces an impressive 2,500 films per year, but its ecosystem is plagued by distribution challenges, rampant piracy, and a dire lack of modern infrastructure. As a result, its revenues fall far short of its potential.


Investments Alone Won’t Solve Everything

Afreximbank’s announcement is undoubtedly a step in the right direction. A fund of this scale has the potential to transform the sector. But let’s ask the critical question: is money alone enough to fix decades of underinvestment?

Challenge 1: Infrastructure gaps. Across Africa, modern production and distribution facilities are scarce. Many artists must travel abroad to access professional studios, and filmmakers often struggle to bring their visions to life with limited resources.

Challenge 2: Weak legal frameworks. Creators cannot thrive without robust protection of their intellectual property. Yet, copyright infringement is rampant across the continent, and public policies to regulate and support CCIs are often insufficient.

Challenge 3: Limited access to international markets. While African cultural products resonate globally, they often lack the distribution networks and institutional support needed to scale internationally.


Theoretical Insights: A Systemic Approach

Economic development theories emphasize that financial investment, while crucial, is insufficient on its own. A systemic approach is needed—one that combines funding with structural reforms.

UNESCO’s reports on CCIs highlight the importance of integrated cultural policies, which include:

  • Legal protections for creators,
  • Infrastructure development for production and distribution,
  • Training programs to build capacity across the value chain.

Without these foundational elements, even significant investments risk having only a short-term impact.


A Case Study: Gaming in Africa

The gaming sector is a compelling example of both the challenges and opportunities facing African CCIs. Studios like Kiro’o Games in Cameroon and Maliyo Games in Nigeria are pushing boundaries by creating games rooted in African narratives. The market is growing rapidly, with revenues projected to exceed $1 billion by 2024.

Yet, these studios face the same recurring obstacles: insufficient funding, limited access to skilled talent, and weak infrastructure. Despite these challenges, the gaming industry offers a glimpse of what’s possible when creativity meets technology. It demonstrates that Africa can become a major player in CCIs if the right conditions are in place.


Creative Africa: Talent Held Back

So, what’s the takeaway? African CCIs are bursting with talent and opportunity. But to transform this potential into sustainable economic and social development, investments must be coupled with structural reforms.

To truly unlock the potential of CCIs, we must:

  1. Invest in modern infrastructure for production and distribution.
  2. Establish robust legal frameworks to protect creators.
  3. Create pathways to access international markets.

Africa has an abundance of talent and creativity. With the right ecosystem, CCIs can become a powerful engine for growth, while showcasing the continent’s rich cultural heritage to the world.


Sources

  • Afreximbank: Announcement of the $2 billion fund for African CCIs, 2024
  • UNESCO: Reports on cultural and creative industries
  • Agence Ecofin: “African creative industries finally attract financing”
  • Forbes Africa: “The rise of African creative industries”
  • UNESCO and SFSIC: Studies on CCIs and development in Africa